France : Grève des fonctionnaires

France: les fonctionnaires en gréve ce jeudi

De nombreux fonctionnaires ont défilé, ce jeudi dans toute la France, à l’appel de neuf syndicats. Ils s’opposent à la réforme de la fonction publique qui arrivera en débat à l’assemblée le 13 mai pour être mise en application le 1er janvier 2020

Le projet de loi est censé « moderniser » le statut des fonctionnaires. Pas question pour neuf syndicats de la Fonction Publique qui appelaient les 5,5 millions de fonctionnaires à cesser le travail ce jeudi dans toute la France.

2800 personnes à Toulouse

Une poignée de Gilets jaunes a ouvert le cortège suivis du camion de la CGT, de Force ouvrière et des autres syndicats. Les 2800 fonctionnaires (selon la préfecture) ont défilé dans une ambiance festive mais portent tout de même leur message de colère. « Je suis enseignante en primaire, je fais mon métier par passion mais il est devenu un calvaire pour moi », explique Valérie. C’est déjà la quatrième journée de mobilisation contre la réforme de la fonction publique depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. « Une de plus pour déplorer nos conditions de travail qui se détériorent de plus en plus face à un gouvernent qui reste sourd », justifie Yann, infirmier.

300 à 900 à Montauban

Ils étaient plusieurs centaines – un peu plus de 300 selon la police et environ 900 selon les syndicats – à se mobiliser pour exprimer leur inquiétude sur l’avenir de leur statut. Ils craignent que ce projet de loi « modifie en profondeur la fonction publique » et les « fragilise » en se rapprochant du fonctionnement du secteur privé. Au micro, Aline Lopez, déléguée syndicale à la CGT, a dénoncé une « banalisation des contractuels sur des emplois permanents » qui remet en cause les principes de la Fonction Publique que sont « l’égalité, l’indépendance et la responsabilité ». « On devient fonctionnaire via un concours, ce qui assure une égalité entre les candidats. En ayant recours à des CDD, on détruit ce principe d’égalité, on peut embaucher par intérêt politique ou économique et la personne recrutée peut agir au service d’intérêt partisan », prévient-elle.  

Des rassemblements ont aussi eu lieu ce matin Agen, Carcassonne, Foix, Narbonne et Tarbes ; ce jeudi après-midi à Cahors, Auch, Figeac ou Rodez.

On a recensé 3500 à 4000 manifestants à Marseille, 3300 à 5300 à Lyon, 3 à 4000 à Nantes, 2300 à 3000 à Rennes. A Paris, le défilé est en cours depuis 14 heures en présence, – un fait rare – Philippe Martinez pour la CGT, Laurent Berger de la CFDT, Yves Veyrier de FO et Laurent Escure pour l’Unsa.

Des écoles perturbées

Chez les enseignants, le ministère de l’Education Nationale indiquait 17,59% de grévistes dans le primaire et 11,68 % dans le secondaire. Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), les enseignants déplorent l’absence de réponse sur les salaires mais ils s’inquiètent plus particulièrement pour leur avenir. La « loi pour une école de la confiance », bientôt en discussion au Sénat, « ne répond aucunement aux urgences de l’école », regrette-t-elle. 

De nombreux avions supprimés

Le mouvement de grève a entraîné la suppression de nombreux avions au départ et à l’arrivée à l’aéroport de Toulouse jusqu’à ce jeudi soir. Des vols ont aussi été supprimés à Tarbes-Lourdes-Pyrénées et à Carcassonne. A l’aéroport d’Orly, 30% des vols avaient été annulés préventivement. 

Fin de non-recevoir du gouvernement

Les syndicats ont prévenu que cette journée ne serait « qu’une étape » d’une mobilisation « dans la durée » pour « dire non » au projet de loi présenté en Conseil des ministres le 27 mars et demander au gouvernement qu’il « ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases ». Le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt leur a opposé dans la matinée une fin de non-recevoir, confirmant qu’il n’y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme « attendue par les agents » selon lui. 

L’ensemble des syndicats critiquent « un passage en force » du gouvernement, qu’ils accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents. 

Le projet de loi sera au menu de l’Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l’été pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020. Il s’inscrit dans un objectif de suppression de 120 000 postes d’ici à 2022. Un objectif qualifié d' »atteignable » le 26 avril par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, alors qu’Emmanuel Macron s’était dit la veille prêt à « l’abandonner » et a demandé au gouvernement « son analyse d’ici l’été ». 

LA DEPECHE

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire