La pandémie qui a investi la planète entière sera, sans nul doute, un accélérateur de changements importants dans l’ordre mondial. Contrairement à l’opinion répandue, le bouleversement annoncé sera plus que bénéfique pour les sociétés globales et les peuples qui reprendront leur marche irréversible vers le progrès.
La comparaison avec les conséquences des pandémies et les conflits armés meurtriers qui ont jalonné l’histoire du monde est réductrice face à la vérité des circonstances.
Un regard attentif sur la situation globale permet de croire, sans optimisme béat, que le futur sera une occasion de reprise en main des secteurs productifs et de la vie politique.
L’après deuxième mondiale a favorisé la domination des États-Unis qui avaient été moins affectés par les destructions en vies humaines et en infrastructures.
Or, si on déplore de nombreuses pertes en vies humaines, sans qu’il soit possible de prévoir la fin des deuils et des contaminations, il est important de noter que l’outil de travail est intact et que les industries sont en place. L’immense réservoir de main d’œuvre qualifiée et de compétences en tout genre est disponible.
Le redémarrage de l’activité économique dépendra seulement de la capacité de la classe politique et des gouvernements à réarmer moralement leurs populations et les remettre au travail.
Je ne crois pas, comme beaucoup, que l’Afrique risque de s’effondrer. Bien au contraire, l’Afrique a une population jeune et ce continent a réalisé, en cinquante ans, plus de progrès dans tous les domaines, que tous les autres continents.
De plus, les grandes entreprises et la finance mondiale ont investi un « océan d’argent » qu’elles ont grand intérêt à consolider et à « régénérer ». Les créanciers du continent ont un intérêt vital à refinancer la dette dont les taux d’intérêt seront, sans doute, mutualisés. L’éclairci budgétaire qui en résultera sera une source d’investissements nouveaux.
La jeunesse de nos dirigeants et leurs compétences notoirement établies constituent un atout incontestable dans le succès des projets des prochaines années.
L’autre curiosité de cette crise est la popularité des dirigeants du monde qui ont négligé la gravité de la maladie : Boris Johnson, Jair Bolsonaro, Donald Trump n’ont jamais été aussi populaires.
Tandis que les dirigeants qui se sont distingués par leur sens de l’anticipation et leur détermination à combattre la pandémie peinent à agglutiner les soutiens de la classe politique. On citera Angela Merkel, Emmanuel Macron et Macky sall, entre autres.
Le nouvel ordre qui naîtra de la suite de ce fléau sera caractérisé par la fin du capitalisme triomphant et une profonde modification des règles de la mondialisation et de la globalisation.
Le capitalisme a, en effet, montré ses limites à prendre en compte tous les aspects du progrès humain.
L’effondrement des systèmes sanitaires et le dénuement généralisé en moyens matériels des services médicaux et sociaux a fini de mettre à nu les insuffisances de ce modèle économique.
Le modèle anti libéral n’a pas fait mieux. Le jacobisme et le néo libéralisme ont également étalé leur impuissance face aux effets dévastateurs du Covid-19.
La Russie, la Chine et leurs pays alliés ne sont pas logés à meilleure enseigne.
Il y a donc nécessité de repenser un modèle nouveau de gestion domestique des états et des relations internationales.
Cela suppose un sens très élevé de la solidarité nationale permettant d’agglutiner tous les espoirs, toutes les intelligences et tous les moyens humains au service de la collectivité nationale.
Sans repli identitaire, ni préférence nationale rétrograde, il s’agira, ensuite, de déployer et de participer à un système de relations internationales plus juste.
Cette nouvelle donne devra corriger le système de rémunération des matières premières et favoriser le développement local dans les contrées enclavées.
Une nouvelle forme de coopération sud-sud, un renforcement des institutions régionales politiques et économiques enracinées sur le continent serait le socle d’une économie africaine nouvelle caractérisée par une multiplication des échanges intra-africains.
L’occasion de la présente contribution est peu propice à l’approfondissement des réflexions proposées.
Mais la société civile, les chercheurs universitaires et les experts en planification pourraient envisager des fora et colloques génératrices de solutions efficaces.
Pendant ce temps et fort heureusement, le chef de l’Etat, comme un Général sur le théâtre des opérations, conduit la riposte au milieu des esclandres habituels mais avec la détermination que confère la conviction de la victoire, à terme, sur cet ennemi universel.
Hauts les cœurs.
Par Aliou Mané
Président de l’Amicale Centrale des Sénégalais de Côte d’Ivoire
Ancien Consul Général du Sénégal en Côte d’Ivoire
Président de l’Université de l’Atlantique
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