Professeur
Daouda Ndiaye, chef du département parasitologie et mycologie de l’Université
Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, a lancé un appel envers l’élite sénégalaise
vivant à l’étranger, leur demandant de rentrer au pays pour participer à sa
reconstruction.
« Je demande solennellement à tous mes compatriotes qui
ont aujourd’hui des compétences au plan international, de revenir et
ensemble, nous allons construire le Sénégal », a dit le professeur Ndiaye.
Il s’adressait à des journalistes à Thiès, en marge d’une
rencontre lors de laquelle son mouvement Actions primait les 400 meilleurs
élèves de la ville pour l’année scolaire 2017-2018.
« Si nous avons reçu une bonne éducation, c’est parce
qu’il y a des parents, des Sénégalais qui ont contribué, de par leurs taxes, à
notre formation », a-t-il relevé.
Pour lui, si grâce à ce soutien, l’on parvient à se hisser
parmi les personnalités les plus importantes dans son domaine à
l’international, « on aura failli à (sa) mission, (et) malheureusement, on
n’a pas pu payer la dette » due à son pays, si on le quitte pour des
propositions à l’étranger.
« Je ne suis pas du tout d’accord avec la fuite des
cerveaux. Il faut que les gens restent ici, qu’ils puissent participer, eux aussi,
à l’encadrement des jeunes, au développement du pays », a-t-il martelé,
avant de s’interroger : « Si les meilleurs partent, qui fera ce
pays ? »
Le professeur Ndiaye, par ailleurs chef du laboratoire de
parasitologie et mycologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, a souligné
la nécessité pour les élites intellectuelles de partager avec leur pays le
savoir acquis et de contribuer à l’encadrement des autres, sans
lesquels « rien ne pourra se faire ».
L’universitaire dit toutefois « comprendre » certains
qui « préfèrent partir pour monnayer leurs talents et gagner beaucoup plus
d’argent pour leur famille », vu que « parfois, les moyens ne suivent
pas » et comptent tenu de certaines conditions difficiles.
« Si on va à l’étranger pour monnayer notre talent, on
réglera un problème de famille, mais on ne règlera pas le problème du
pays », a-t-il poursuivi, estimant que « le plus important, ce n’est
pas un problème de famille, mais un problème de nation ».
Le professeur Ndiaye, un natif de Pikine qui a grandi à
Guinaw Rail, dans la grande banlieue dakaroise, est un produit de l’école
publique sénégalaise, d’où sa « dette envers le Sénégal ».
« Tout mon cursus, je l’ai fait dans le public »,
a-t-il dit, ajoutant que c’est en classe de seconde, au lycée Limamoulaye de
Pikine, qu’il a obtenu une bourse d’excellence.
Depuis 2017, il officie en même temps comme expert du panel
certification élimination du paludisme de l’OMS.
Après un Diplôme d’études approfondies (DEA) en biologie
animale à la Faculté des sciences et techniques de l’UCAD, en 2003, il obtient
une bourse d’études de formation en biologie moléculaire et générique
infectieuse pour l’université de Harvard.
Depuis 2010, il est professeur chercheur associé au
département d’immunologie et des maladies infectieuses de santé de l’école de
santé publique de cette université américaine.
Le professeur Ndiaye est le premier africain élu au conseil
exécutif américain de la Société savante en médecine tropicale et d’hygiène. Il
est aussi lauréat 2016 du grand prix européen de l’innovation biologique, grâce
au test « illumigene malaria » qu’il a inventé, un test permettant de
détecter des parasites dans le sang.
Il a animé des conférences à travers le monde et est l’auteur
de centaines de publications dans les revues scientifiques internationales.
Le professeur Daouda Ndiaye a été nommé en octobre dernier conseillé
spécial à l’Université Harvard de Boston, aux Etats-Unis, après avoir été
invité aux Etats Unis par la Fondation Bill et Melinda Gates pour discuter des
grandes stratégies pour l’éradication du paludisme dans le monde.
C’est au cours de ce séjour que la proposition d’occuper le
poste de conseiller spécial à l’Université Harvard lui a été faite. Il devient
ainsi le premier Africain nommé à ce poste, avec comme mission de
« proposer les meilleures stratégies en matière d’enseignement,
d’innovations stratégiques et technologiques pour l’éradication du
paludisme ».
A l’échelle nationale, il a été fait « Diambar »
de la lutte contre le paludisme par le ministère de la Santé en 2014.
La promotion 2019 de la Faculté de médecine de l’UCAD l’a
choisi comme ambassadeur. Il a encadré une centaine de thèses de doctorat.
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